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Démystifier les 5 étapes psychologiques du deuil


Karim Manjra - Unsplash
Des étapes du deuil aux étapes du développement du Soi

Psychiatre reconnue, Elizabeth Kübler-Ross, co-auteure du livre Sur le Chagrin et sur le Deuil, postule que les personnes diagnostiquées en phase terminale, passeraient par cinq stades du deuil. D'une manière générale, ces tristement célèbres étapes ont été reprises et cautionnées par le public pour codifier le processus du chagrin et de la perte. Néanmoins, beaucoup de personnes considèrent ces étapes trop restrictives, n'englobant pas le processus de deuil dans son entièreté.


Selon Russel P. Friedman, Directeur Exécutif du Grief Recovery Institute, (Institut de Rétablissement pour Personnes Endeuillées), Sherman Oaks, Californie, le deuil n'est pas aussi linéaire que Elizabeth Kübler-Ross le suggérerait. Aujourd'hui, nous considérons les étapes du deuil comme étant des expériences courantes du deuil, sans ordre spécifique des étapes, lesquelles ne sont pas toujours applicables à chaque individu.

Le Déni

"Je pensais comme les enfants le font, comme si mes pensées et mes souhaits avaient le pouvoir de retourner l'histoire". - Joan Didion


Le Déni serait la première étape du processus de deuil parce qu'il décrit le sentiment éprouvé lorsque nous sommes si bouleversés que nous avons l'impression d'avoir été projetés hors de la réalité. Certains se sentent engourdis, paralysés ; d'autres pensent qu'ils sont en état de second, mais ceux qui sont passés par ce stade, comprennent qu'il s'agit là d'un processus hors de contrôle.


"Pensez comme si le mécanisme de défense de votre corps disait "dis, je ne peux pas tout gérer à la fois" explique la psychiatre Christina Gregory. Le déni aiderait à pacifier les sentiments de chagrin et de deuil.


Il arrive que nous soyons déjà préparés au deuil, comme lorsque nous accompagnons un proche dont la fin est supposée imminente. L'anticipation de la perte et du deuil est souvent plus réelle que la réalité, laquelle se manifeste malgré tout par sentiment d'anéantissement.

La Colère

"La vérité vous libèrera, mais d'abord, vous serez en colère". - Joe Klaas


Après la disparition d'un proche, des personnes éprouvent une colère qu'elles ne s'avouent pas ou qu'elles repoussent tant elles sont choquées de la ressentir en pareilles circonstances, notamment lorsque la personne est décédée d'une maladie ou d'une circonstance qui aurait pu être évitée. Toutefois, si en théorie, une maladie aurait pu être évitée, cela ne signifie pas que la mort ne serait pas survenue. Ce n'est la faute de personne.


L'adage dit qu'il ne faut pas mal parler des morts mais en réalité, je pense que la colère et l'amour sont deux sentiments qui ne s'excluent pas. Je dirais même que nous pouvons aimer quelqu'un au point d'être furieux qu'il nous quitte et si la personne décédée ne nous est pas particulièrement proche, l'histoire nous ramène à quelqu'un que nous avons aimé. Colère et chagrin sont deux sentiments étroitement mêlés.

Le Marchandage

"A la fin, tout le monde prie". - Sam Smith


Le marchandage est une étape de faux espoir. Il survient lorsque nous avons si peur du chagrin et du deuil que nous essayons de marchander avec ... Dieu, en général. Certains reviennent à Dieu à ce stade du processus. Des gens qui ne se sont jamais agenouillés, se prosternent des heures durant pensant que leurs paroles et leurs émotions feront revenir la personne décédée. La douleur est parfois si vive qu'il nous faut y trouver un soulagement mais cette étape du marchandage ne doit pas durer. Le marchandage ne fait que retarder le processus de résilience et nous éloigner de la réalité qui à terme nous rattrape Survient alors la dépression.

La Dépression

"Ce qu'ils ne vous disent jamais à propos du deuil, c'est tout simplement que la personne vous manque". - Gail Caldwell


La dépression est souvent incontournable. Ce qui surprend surtout, c'est la façon dont chacun à de vivre son deuil. Cette phase nécessite parfois de se faire accompagner pour déposer son chagrin, pour aider à la qualité du chemin qui reste à parcourir.

L'Acceptation

"Ce que vous perdez reviendra sous une autre forme". - Rumi


Acceptons-nous vraiment la perte d'un être cher ? Je ne le pense pas. Les plus sages apprennent à vivre "sans" la présence physique de la personne, la douleur se fait plus douce, comme une brume de fond vaporeuse, Le temps apaise la souffrance, cicatrise les plaies mais s'agit-il réellement d'acceptation ? J'invite chacun à trouver sa réponse. D'un autre côté, comme pouvons-nous ne pas accepter puisque nous n'avons aucun contrôle sur la vie et sur la mort ? Comment pouvons-nous nier que la personne est partie ?


Ce que j'ai appris de mes expériences de deuil, c'est qu'il survient en vagues successives. Alors que nous avons été frappés par la déferlante, nous pensons que la mer s'est calmée mais le niveau monte et une nouvelle vague s'abat et nous met à genoux. Par la suite, les vagues se succèdent mais se font plus douces ou plutôt moins violentes. Nous comprenons alors que nous allons survivre à la perte et continuer notre chemin.


Personnellement, j'ai cessé de combattre le chagrin et le deuil quand ils me frappent. La résistance crée la souffrance et dans ces circonstances, devrions-nous nous infliger davantage de souffrance ? Unanimement non.  De la sorte, je pense qu'il y a moins de dommages collatéraux. Pour ma part, j'ai appris à les accepter, les accueillir, les vivre et non pas à les refouler. Je sais que le chagrin ne disparaît jamais vraiment, mais qu'il s'estompe et qu'il faut apprendre à reconstruire sa vie autour de lui. Mes deuils ont servi mon travail d'Aide & d'Accompagnement car pour accompagner des personnes en souffrance, il faut avoir soi-même connu la souffrance et fait un travail sur soi.


Si ces 5 étapes du deuil couvrent en effet quelques uns des sentiments éprouvés par les endeuillés, j'ai observé deux autres étapes durant les deuils, qui ne figurent pas dans cette liste : la culpabilité et l'anxiété.

La Culpabilité

Une consultante ne cesse d'avoir le même rêve depuis la mort de son père. Dans son rêve, elle revient à son enfance et se voir courir dans les bras de son père, alors jeune et en bonne santé. Le scénario diffère parfois : Soit elle est submergée de tristesse et pleure dans ses bras ou alors soit elle devient frustrée et fâchée contre lui car elle prend conscience que son temps avec lui est limité et qu'elle essaie de le persuader d'adopter un mode de vie sain, toujours en vain. Cette femme culpabilise de n'avoir pas su sauver son père. Peut-on jamais sauver quelqu'un malgré lui ? Non.


Souvent la culpabilité se manifeste lorsque nous pensons que nous n'avons pas été capables de montrer notre affection du vivant de la personne disparue ou quand nous réalisons que notre comportement n'a pas été comme il aurait dû être. La culpabilité est un sentiment extrêmement difficile à se libérer tant les souvenirs peuvent nous accabler.

L'Anxiété

L'anxiété se manifeste par l'habitude de ruminer et une conscience aiguë de sa propre mortalité. La mort d'une personne nous ramène toujours à la nôtre et c'est vraiment la seule certitude humaine que nous puissions avoir. Face à la disparition d'une personne souffrant de maladie, nous pouvons nous sentir exposer, vulnérables et incapables d'échapper à la mort.


Il arrive que les personnes endeuillées éprouvent tout à la fois la culpabilité, la colère et la dépression mais la bonne nouvelle est que cela aussi passera. Au fil du temps, la situation devient plus gérable et plus supportable. Ou pour être honnête, moins intolérable.


"Personne ne m'a jamais dit que le chagrin ressemblait à la peur". - C.S. Lewis

Pas d'évidence scientifique

A ce jour, les études scientifiques ne démontrent pas que toutes ces étapes du deuil existent réellement. Le chagrin et le deuil sont les réponses normales à la perte ... Peu importe que soient publiés régulièrement des modes d'emploi pour gérer les émotions humaines, il n'existe aucune étape de deuil qui s'adaptent à tous. Chacun réagit différemment.


Quel est le problème avec ce modèle des 5 étapes ? Dans le développement de la psychologie, la notion de "stade" ou "d'étape" fait référence à une période où les gens traversaient la vie d'une façon prévisible : ils se mariaient jeunes, avaient des enfants quand ils étaient jeunes, puis travaillaient, ils connaissaient peut-être une crise vers la quarantaine, puis prenaient leur retraite pour enfin mourir. A ce jour, ces théories des "stades" existentiels s'avèrent obsolètes au regard des changements sociaux-économiques qui ont balayés la prédictibilité de nos vies.


Cette théorie des 5 étapes du deuil induirait également une culpabilité et une pression sur les personnes endeuillées qui ne ressentiraient pas ce qu'elles devraient ressentir selon ce modèle. C'est pourquoi les psychothérapies qui promulguent la notion "d'inévitable" devraient être sujettes à caution.

La mort est l'ultime expérience de la vie

Cette nouvelle approche du deuil nous invite à nous libérer des pressions médiatiques et sociales de ce qu'il convient ou non de manifester et de ressentir, lorsque nous sommes confrontés à une perte. Je conseille d'accepter la souffrance, le chagrin et le fait qu'un jour, la douleur se fait moins présente et qu'il est possible de respirer à nouveau à pleins poumons. Ces sentiments et ces émotions sont normales et inhérentes à notre condition humaine. Les accepter et les dépasser font partie du chemin de notre évolution et de l'expansion de notre conscience.


Katja Hanska Droits réservés 2020

Katja Hanska est formatrice et thérapeute spécialisée dans l'Aide et l'Accompagnement par les Modèles Quantiques de Guérison, d’Éveil & de Développement Personnel

Contact :

Téléphone : 06 19 63 91 46 katja@keera-arkana.com - www.katjahanska.com


Bibliographie :

The Mind of the Market, Michael Shermer

On Grief and Grieving, Elizabeth Kübler-Ross

Shannon Leigh, writer

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