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Élever son Taux Vibratoire #3 - La Maya ou l'illusion du Soi (Partie 1)


La plupart d’entre nous vivons plongés dans notre vie quotidienne avec peu de considération pour l’être que nous sommes, pourquoi nous sommes ici et où nous allons. La plupart d’entre nous n’avons jamais réalisé le vrai Soi, l’Âme ou ce que Bouddha a appelé Anatta (1), le non Soi, ce qui est au-delà du nom et de la forme, au-delà de la pensée. En conséquence nous croyons que nous sommes ce corps limité. Nous vivons dans la peur, consciente ou inconsciente que cette structure personnelle limitée à laquelle nous nous sommes identifiés, disparaîtra.


Aujourd’hui, la grande majorité des personnes qui se sont engagées dans des pratiques spirituelles, telles que le yoga, les prières, la méditation ou toutes sortes de rituels pratiquent des techniques conditionnées, c’est-à-dire qu’elles font partie de la structure de l’Ego (2). La recherche et l’activité ne sont pas le problème mais penser que nous avons trouvé la réponse dans certaines formes extérieures EST le problème. La spiritualité, dans sa forme la plus commune, n’est nullement différente de la pensée pathologique dans laquelle nous évoluons. Il ne s’agit de rien d’autre que l’agitation de l’intellect, plus de « faire » humain que « d’être » humain.


L’Ego veut plus d’argent, plus de puissance, plus d’amour, plus de tout. Ceux qui sont soient disant sur le chemin spirituel veulent être « plus spirituels », « plus éveillés », « plus, plus"... Le danger est de rester dans l’intellect. Le penser au lieu du senti. Or chaque fois qu’il y a un désir d’atteindre quelque chose, l’Ego est à l’ouvrage. Réaliser son être dans la concentration et l’établir dans l’éveil ne consiste pas à atteindre ou ajouter quelque chose à nous-même. Se réaliser dans le Non Soi c’est apprendre à mourir avant de mourir. La vie et la mort sont comme le Yin et le Yang, un inséparable continuum se déployant sans cesse, n’ayant ni commencement ni fin. Lorsque nous repoussons la mort, nous repoussons également la vie. Lorsque nous faisons l’expérience de la vérité de qui nous sommes il n’y a plus la moindre peur de la vie ou de la mort.


Notre société et notre culture nous disent ce que nous sommes mais en même temps nous sommes esclaves de nos pulsions biologiques, profondes et inconscientes qui régissent nos choix.


La structure de l’Ego n’est rien de plus qu’une structure de répétition, c’est tout simplement un chemin que l’énergie a pris auparavant et la tendance de l’énergie à reprendre ce chemin à nouveau, qu’il soit positif ou négatif. Il y a une infinité de mémoires ou de spirales à l’intérieur de spirales. Lorsque notre conscience s’identifie avec ce mental ou cette structure de l’Ego, nous sommes liés à un conditionnement social que nous pouvons appeler la « Matrice ».


Il y a des aspects de l’Ego dont nous pouvons être conscients mais c’est l’Inconscient, ce câblage archaïque,  avec ses peurs existentielles primaires, qui en réalité conduisent tout le système. D’incessants motifs en quête de plaisir et en fuite de la douleur sont sublimés dans les comportements pathologiques. Notre travail, nos relations, nos croyances, nos pensées et notre façon de vivre. Comme du bétail, la plupart de l’humanité vit dans un assujettissement passif alimentant la « Matrice » de leur vie.


Nous vivons des vies enfermées dans d’étroits motifs, des vies d’infinies souffrances et il ne nous apparaît jamais que nous pouvons devenir libres. Cependant, il est possible de laisser derrière nous la vie qui a été héritée du passé pour vivre celle qui essaie de percer à travers le monde intérieur.


Nous sommes tous nés avec des structures biologiques conditionnées, mais sans conscience de soi. Quand on observe les yeux d’un jeune enfant, il n’y a aucune trace de soi, seulement un vide lumineux. Or la personne que l’on devient est un masque que la conscience porte. Comme Shakespeare disait : « Le monde entier est une scène. Hommes et Femmes, tous n’y sont que des acteurs ».


Chez un individu éveillé, la Conscience brille à travers la Personnalité, à travers le masque. Lorsque nous sommes éveillés, nous ne nous identifions plus avec notre personnage, nous ne croyons pas davantage que nous sommes les masques que nous portons mais nous ne cessons pas non plus de jouer un rôle. Quand nous sommes identifiés à notre personnage, notre personne, ceci est Maya (3), l’illusion du soi. Or il nous revient de se réveiller du rêve de ce personnage que nous jouons dans la vie.


Intégrer un nouveau paradigme demande du temps, de l’effort et une volonté d’explorer le nouveau aussi bien que de se débarrasser de l’ancien. Le Mental peut être comparer à un piège pour la conscience, tel un labyrinthe ou une prison. Nous sommes la prison. La prison est aussi une illusion car pour ceux d’entre nous qui s’identifient avec un soi illusoire, alors ceux-là sont endormis. Une fois qu’ils prennent conscience de la prison, ils voudront lutter pour sortir de l’illusion comme si elle était réelle et ils restent encore endormis. Ils ne sortent plus de leur rêve qui devient sous peu un cauchemar. Ils chasseront et fuiront les ombres pour toujours.


Notre but est de se réveiller du rêve du soi séparé ou de la structure égoïque (4), de l’identification et de la prison appelée « Moi ». On ne peut jamais être véritablement libres parce nous emportons partout notre prison. S’éveiller n’est pas de se débarrasser du mental ou de la matrice, au contraire, lorsque nous ne nous identifions pas avec elle, nous pouvons pleinement vivre le jeu de la vie, en appréciant le spectacle tel qu’il est sans désir, sans peur.


Dans les anciens enseignements, on appelait cela le « Jeu Divin de Lila (5)», le jeu de la dualité. La conscience humaine est un continuum. D’un côté, les humains s’identifient au soi matériel ; de l’autre, il y a la cessation de soi. Chaque pas que nous faisons vers l’Eveil (6), apporte moins de souffrance ce qui ne signifie pas pour autant que la vie devient dénuée de douleur. L’Éveil est au-delà de la dualité de la douleur et du plaisir. Cela signifie moins de mental, moins de résistance à tout ce qui se produit car cette résistance est ce qui créé la souffrance. S’éveiller permet de réaliser ce qu’il y a à l’autre extrémité du continuum afin de voir qu’il y a autre chose que le monde matériel et l’intérêt personnel. Lorsqu’il y a une cessation effective de la structure de soi, il n’y a pas de pas de pensée égoïque, pas de soi, pas de dualité et pourtant il y a le « Je Suis » « Anatta » ou absence de soi. Ce vide est la Sagesse.


La simple réalisation du soi immanent n’est que le début du chemin. La plupart de nous aurons à vivre et à perdre cette union avec nous-même avant de pouvoir l’intégrer dans d’autres facettes de la vie. La méditation nous permet de découvrir la nature profonde de notre être. Vivre en conscience nous évite de retomber une fois de plus dans les vieilles habitudes oubliant la vérité de qui nous sommes. Réaliser l’immobilité ou le vide dans toutes les facettes de la vie, les facettes de soi, c’est devenir la danse du vide en toute chose. Le calme n’est pas séparé du mouvement. Il n’est pas l’opposé du mouvement. L’immobile est identique au mouvement. La forme est identique au vide. Cela est absurde pour l’intellect car c’est de l’intellect que nait la dualité.



Auteur : Katja Hanska

Droits réservés 2019-2020


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1 Anatta. La non existence de soi, est le concept bouddhique d'impersonnalité, par opposition à la croyance hindoue de l'ātman selon les Enseignements de Bouddha.


2 L’Ego n'est rien qu'une impression : ce sentiment que l'on a " d'être " et " d'avoir " un ego ne repose sur rien, c'est simplement une illusion. En effet, l'ego n'est pas " quelque chose " qui aurait une existence indépendante et autonome, c'est un processus dynamique qui, dans son fonctionnement, produit le sentiment d'individualité. C'est pourquoi l'ego est dit " vide d'existence propre " : cette impression n'existe que dans la combinaison des facteurs interdépendants qui la constituent. "L’ego est l’accumulation de toutes les choses que nous avons reçues de notre famille et de la société dans laquelle nous avons grandi. C’est comme un logiciel qui a été installé dans notre ordinateur intérieur. Il faut apprendre à ce que ce logiciel ne commande pas tout le système opératif de l’ordinateur, car ce n’est pas du tout sa fonction. Ce que nous prétendons être n’est que de l’ego. Notre être véritable s’exprime naturellement et spontanément sans avoir besoin de s’affirmer ou de se mettre en avant. L’ego tente toujours de se justifier, il ne veut pas accepter les critiques qui défont l’image qu’il se crée de lui-même."


3 La Maya. L’illusion. Les apparences du monde phénoménal. Le rôle de l’illusion ou ignorance (moha ou avidyâ, les termes techniques sont donnés en sanskrit), est primordial dans le bouddhisme. Elle est la source des maux, le premier voile jeté sur la nature véritable, qui persistera, progressivement atténué par la pratique, jusqu’à la libération finale du nirvâna.Avec le sens d’apparence trompeuse elle figure souvent comme mâyâ, et ce n’est sans doute pas un hasard si tel était le nom de la reine dans le sein de qui le Bouddha Siddhartha Gautama apparut en ce monde il y a vingt-cinq siècles.

Le Bouddha enseigne la libération par la connaissance juste de ce qui est comme c’est. La dernière strophe d’un des plus célèbres soutras (forme francisée) du Grand Véhicule (Mahayana, id.) exprime poétiquement cette vue : « Comme les étoiles, les mouches volantes ou la flamme d’une lampe, comme une illusion magique, une goutte de rosée ou une bulle, comme un rêve, un éclair ou un nuage ; ainsi devrait-on voir tous les phénomènes conditionnés ». Soutra du Diamant (8, p. 74).


4 Egoïque. Selon Eckhart Tolle : Le sentiment de soi égoïque a besoin de conflits car son sentiment de séparation tire sa force de la lutte en démontrant que ceci est « moi » mais que cela n’est pas « moi ». Il n’est pas rare que des tribus, des nations et des religions renforcent leur sentiment d’identité collective au moyen d’ennemis. Que serait le « croyant » sans « l’incroyant » ?

Dans vos rapports avec les gens, décelez-en vous-même de subtils sentiments de supériorité ou d’infériorité à leur égard ? Vous voilà en face de l’égo qui vit des comparaisons. L’envie est un sous-produit de l’ego qui se sent diminué si quelque chose de bon arrive à un autre ou si quelqu’un a plus de biens, de connaissances ou de capacités. L’identité de l’ego, qui dépend de la comparaison, se nourrit du fait d’avoir plus. Il peut s’accrocher à n’importe quoi. Si tout le reste échoue, on peut renforcer un sentiment de soi fictif en s’estimant traité injustement par la vie ou plus malade qu’un autre. Quelles sont les histoires, les fictions dont vous tirez votre sentiment de soi ?


5 Le Jeu Divin de Lila : Lila est dans l'hindouisme le ballet divin des âmes, c'est-à-dire la danse cosmique orchestrée par les divinités2. Dans la philosophie indienne, c'est le jeu de la divinité qui se cache derrière les apparences du monde phénoménal (māyā)3.


6 L’Éveil : La notion d'éveil spirituel (ou encore « illumination » et « réalisation de soi » ou simplement « éveil »), communément associée au bouddhisme et à l'hindouisme, désigne un état de conscience supérieur dans de nombreuses religions et philosophies et l'aboutissement d'une voie religieuse ou spirituelle.

Cette notion évoque traditionnellement une libération totale de l'ego (en tant que « moi » commun) et l'avènement d'une nouvelle conscience unifiée avec l'univers ou avec le divin, selon les croyances. Un tel état de conscience qui ne pourrait, par nature, être défini par les mots, est censé ouvrir l'individu à la connaissance spirituelle, au ravissement de l'âme, à un sentiment de communion ou une perception holistique de l'existence.


Auteur : Katja D. Hanska

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